Les béothuks

Le 6 juin 1829
Mort de la dernière Béothuk

Shawnadithit est témoin des dernières rencontres entre un peuple en voie d’extinction et les membres des expéditions envoyées pour capturer des Béothuks vivants. En mars 1819, elle assiste à la capture de Demasduit et à la tentative courageuse de son mari, Nonosbawsut, de la sauver. Rendu fou furieux par l’enlèvement de sa femme, il assaille les intrus jusqu’à ce qu’ils le tuent.
Pendant un temps, Shawnadithit se résout à une existence de servante à Exploits. Bien que, de toute évidence, elle soit intelligente, on ne fait aucun effort pour l’encourager à parler de ses expériences. À St John’s, on commence à s’inquiéter de la perte des connaissances béothuks. William Epps Cormack, explorateur nomade et humanitaire, amène Shawnadithit à St. John’s sous les auspices de l’institution Boethick. Elle y apprend l’anglais et se découvre un talent pour le dessin. Ses cartes, ses dessins et ses récits sont les derniers témoignages de la langue et des coutumes d’un peuple disparu.
Lorsque Cormack quitte Terre-Neuve, Shawnadithit lui donne une mèche de cheveux et deux cailloux du lac Red Indian, modestes symboles d’un grand territoire où les Béothuks étaient autrefois prospères. Elle meurt peu de temps après, le 6 juin 1829, de la tuberculose, «cette toux du diable» qui a décimé son peuple.

Les Béothuks de Terre-Neuve





Histoire
Le contact avec les Européens

Les premiers colons anglais ont dit des Béothuks qu'ils étaient des géants et qu'ils avaient la peau claire. Il y a probablement une part de vérité dans ces affirmations. Grâce à leur régime alimentaire équilibré, les Béothuks étaient probablement beaucoup plus grands et sains que les premiers Européens qu'ils ont rencontrés. Il est également possible que certains d'entre eux aient eu la peau claire. Aux alentours de l'an 1000 après Jésus-Christ, des marins norvégiens (les Vikings) en provenance du Groenland se sont établis dans la partie nordique de l'île devenue l'île de Terre-Neuve dans un endroit qu'on a appelé L'Anse aux Meadows. Les légendes norvégiennes nous racontent qu'après s'être établis et avoir vécu en paix avec les Béothuks, les Vikings ont fini par leur faire la guerre et ont été forcés de quitter le territoire. Cependant, pendant la période de bonne entente, il se peut que des enfants soient nés d'unions entre Béothuks et Vikings. Si tel est le cas, quelques enfants Béothuks auraient très bien pu avoir une peau plus claire.
Une autre explication remonte encore plus loin que l'arrivée des Vikings et est fondée sur une histoire racontée par les Cris de la baie James. Il y a très longtemps, les Cris connaissaient un peuple qui vivait près d'eux et qu'ils appelaient les Buatuks. C'était il y a des milliers d'années, avant l'arrivée des Inuits dans la région. On disait de ces Buatuks qu'ils étaient une race très grande et qu'ils vivaient sur plusieurs îles dans la région de la baie d'Hudson d'aujourd'hui. Les Buatuks ont quitté la région et ont été remplacés par les Inuits. Il est possible que les Buatuks se soient déplacés vers l'est jusqu'à l'île qu'on appelle aujourd'hui Terre-Neuve, endroit où on les a connus plus tard sous le nom de Béothuks.
Quelque 500 ans après le départ des Vikings de l'île, un explorateur portugais nommé Gaspar Corte Real a rencontré à son tour les Béothuks. Il en a capturé 57 et les a ramenés en Europe. Cela montre comment les explorateurs et les colons européens allaient traiter les Béothuks au cours des 300 ans qui ont suivi.
Ce groupe est aujourd’hui décimé. Ils appliquaient de l’ocre rouge sur leurs canots ce qui pourrait être à l’origine du sobriquet «  Peaux Rouges » employé par l'homme blanc dans l'ensemble de l'Amérique du Nord coloniale. En raison de la colonisation européenne, des altercations et des maladies contres lesquelles ils n'avaient aucune immunité, le dernier des Béothuks est mort à Terre-Neuve en juin 1829 Les Béothuks ont été les premiers habitants indigènes de la portion insulaire de Terre-Neuve. Ces chasseurs-cueilleurs de langue algonquine ont occupé à une époque la plus grande partie de l'île. Une combinaison complexe de facteurs a provoqué la disparition des Béothuks : en 1829, leur dernière représentante connue, Shanawdithit, s'éteignait à St. John's. (Shanawdithit (1801-1829), a appris à ses ravisseurs la plupart de ce que l'on sait aujourd'hui de la société Béothuks et du dernier chapitre de l'histoire de son peuple; dernière des Béothuks.)
  
Portrait de Demasduit (Mary March), peint en 1819 par Lady Hamilton. Demasduit est l’un des derniers membres connus de la nation des Béothuks, à Terre-Neuve. Elle a été capturée en 1818, et son mari a été tué par la même occasion. Amenée à St. John’s en 1829, elle a succombé à la tuberculose avant de pouvoir retrouver les siens. Elle était la tante de Shanawdithit

Shanawdithit
La vie tragique de cette jeune femme Béothuks, la dernière représentante de son peuple. Elle est devenue le symbole d'un génocide méconnu, celui des Amérindiens de Terre-Neuve. Shanawdithit, dernier membre connu de la nation des Béothuks, a été capturée en même temps que sa mère et sa sœur. Elles étaient sur le point de périr de famine lorsqu’elles ont été amenées à St. John’s, mais toutes trois sont mortes de tuberculose



Terre-Neuve, la première colonie de l’empire britannique, a la triste distinction d’être la seule province du Canada à ne pas avoir de peuple autochtone. Les 3500-7000 indiens Béothuks qui habitaient l’île quand Sir Humphrey Gilbert la réclama pour la Couronne britannique en 1583 étaient un peuple civilisé possédant du bétail et qui montaient même à cheval.
Bien que les Béothuks fussent légalement protégés par une proclamation royale et par les gouverneurs de Terre-Neuve, ils furent éventuellement balayés, n’ayant pas été capables de résister à la pression de l’immigration européenne. Ils ne furent pas évangélisés, et quand finalement des gens, émus par leur sort, entreprirent de les aider, il était déjà trop tard.
Leur histoire est importante parce qu’ils étaient les premiers à rencontrer les européens, nommément les Albans, Vikings, Basques, Portugais, Français, Anglais et les vagues successives de pression. Ces vagues de pression se déplacèrent de Terre-Neuve au reste du continent à mesure que de nouveaux arrivants immigrèrent en masse.http://francais.watchmen.org/NewsLetters/FromMyHeart-aug-2004.asp

Les Béothuks : Groupe d'autochtones vivant autrefois à Terre-Neuve, mais qui sont aujourd'hui décimés. Ils habitaient sur cette île bien avant les contacts européens et appliquaient de l'ocre rouge sur leurs canots, ce qui pourrait être à l'origine du sobriquet " Peaux-Rouges " employé par l'homme blanc dans l'ensemble de l'Amérique du Nord coloniale. En raison de la colonisation européenne, des altercations et des maladies contres lesquelles ils n'avaient aucune immunité, le dernier des Béothuks est mort à Terre-Neuve en juin 1829

Un livre 
La saga des Béothuks
Auteur Bernard Assiniwi

Aux alentours de l'an mil de notre ère, un jeune Indien Béothuks, Anin, fait le tour de ce qu'il croit être "le monde" : l'île de Terre-Neuve. Ce périple, et sa rencontre avec des Vikings établis au nord de l'île, ouvrent brusquement, pour lui et son peuple, l'espace de la géographie et des civilisations. Fondateur d'un nouveau clan, Anin est l'ancêtre de tous les personnages dont la geste de huit siècles, ici racontée à plusieurs voix, finit par former, jusqu'au terme d'un lent et inexorable génocide, la saga d'une nation aujourd’hui disparue

Cam tac disait que l’apprentissage durait toute la vie et que se perpétuer en ses enfants ne lui apporterait rien de plus que ce qu’il aurait enseigné à ses successeurs dans ce monde. Que la connaissance totale ne venait que de la mort et de la réincarnation en d’autres êtres. C’est ainsi que la connaissance vient aux humains. Dans une vie on se suffit à soi-même. Dans la réincarnation, on apprend aux autres. Dans la sagesse de la connaissance, on transmet à ceux qui viendront la mémoire de ceux qui ne sont plus. Et c’est ainsi que survit un peuple, une nation. Tout le savoir d’un homme ne sert à rien s’il n’est pas transmis. Toute transmission ne sert à rien si elle n’est pas comprise. Il faut donc toujours avoir les oreilles propres pour entendre et les yeux ouverts pour voir et comprendre. Voilà le secret de l’existence des Béothuks. C’est pourquoi, selon Camtac, les Béothuks vivraient toujours, même quand mourrait le dernier. Ils continueraient de vivre en d’autres. Dans d’autres mémoires. Dans d’autres apprentissages. Camtac disait que les Béothuks étaient éternels. Ils étaient la vie. Il y aurait toujours des Béothuks dans le monde entier. Car il y aurait des choses à apprendre. Ils sont éternels par leur besoin de savoir, de connaître, de donner. 
Le Malouin avait écouté le père de sa première épouse sans jamais l’interrompre, selon une coutume Béothuks que Le Guellec avait vite apprise.
" Si tu veux apprendre, regarde et écoute. Ne pose pas de questions inutiles. Tu pourrais forcer les gens à mentir. Souviens-toi de ce qu’a dit l’aïeul Anin sur le mensonge dans son récit sur son voyage. Le mensonge est mal et mérite la mort. Le mensonge, c’est la mort. Seule la vérité existe. Seule la vérité doit vivre. Le mensonge tue, le mensonge fait mal à l’intérieur et ronge qui le commet. La vérité la plus laide vaut mieux que le plus beau des mensonges. "
Si le mensonge tuait vraiment, tous les Français seraient morts depuis longtemps, songeait l’ancien marin de l’équipage de Jacques Cartier pendant son voyage vers les autres villages Béothuks de l’île des Addaboutiks, les Hommes-Rouges.

Les derniers Béothuks : «Une race éteinte»
Les Béothuks étaient des chasseurs et faisaient de la cueillette ; ils se déplaçaient avec des troupeaux de caribous et le long des rives des rivières où ils avaient des chances de trouver les meilleures provisions de nourriture.
L’installation des Européens s’est accompagnée d’une forte compétition pour les zones de pêche et de chasse. En outre, de nouvelles maladies ont ravagé son peuple.
Finalement les Béothuks sont devenus une petite bande de réfugiés fuyant les Micmacs.
Bien qu’il n’existe plus de Béothuks aujourd’hui, leur histoire est maintenue vivante par les Micmac, les historiens et à travers le système éducatif public. 
Archéologie
L'île de Terre-Neuve, le point le plus à l'Est du continent Nord-Américain, possède une histoire riche. La recherche s'est intéresse  archéologique  aux   indiens Béothuks de Terre-Neuve. Les fouilles présentent des données sur les schèmes d'établissement et outillage lithique de ces quatre sites côtiers. Les dates entre A.D. 210 et 905 suggère que cette baie, et peut-être toute l'île de Terre-Neuve, était habitée en même temps par deux groupes: la culture Dorset et ces indiens. Il est théorisé que ces indiens sont tirés de l'Archaïque maritime et sont les ancêtres des Béothuks.

Leur façon de Vivre
Après que les Européens se furent établis à Terre-Neuve, les Béothuks adoptèrent leurs matériaux et leurs produits pour de nombreuses fonctions traditionnelles. Certains outils en pierre que fabriquaient jadis les autochtones furent remplacés par des instruments en fer, comme la lance à caribou de fabrication européenne que l'on voit ici à droite, mais les Béothuks confectionnèrent eux-mêmes des outils avec les nouveaux matériaux. Ainsi, il leur arrivait de modifier les bouts de métal et les clous pour en faire des pointes de lance ou de flèche. Les outils traditionnels coexistèrent un certain temps avec les nouveaux. La toile à voile, lorsque l'on pouvait s'en procurer, remplaça l'écorce comme matériau de construction; par ailleurs, la chasse au caribou, pratiquée en automne, devint plus efficace grâce à l'emploi de clôtures, rendu possible avec l'adoption de la hache en fer, qui permettait d'abattre les arbres. 


Source 
  Dessins de Shanawdithit : des lances, des seaux d'eau, des tasses, un entrepôt, une femme qui danse et un démon 
Il était important, pour les Béothuks, de déménager du campement d'été au campement d'hiver. Ils se voyaient probablement comme les gardiens de la Terre, ce qui signifiait qu'ils devaient soigner toutes les formes de vie pour survivre. En déménageant sur leurs terres chaque saison, les Béothuks s'assuraient d'avoir toujours une alimentation riche et abondante. En effet, ils chassaient et pêchaient dans différentes régions suivant les saisons. Par exemple, chaque printemps les Béothuks pêchaient des poissons jusqu'au moment de la ponte des œufs. À l'automne, ils arrêtaient de chasser le caribou à la naissance des bébés caribous. Ils installaient des pièges à castors jusqu'à ce que naissent les bébés castors. De cette façon, les Béothuks veillaient à ce que les animaux, et donc leur approvisionnement en nourriture, se renouvellent et restent abondants.
L'alimentation
Au temps des Béothuks, il n'y avait dans l'île de Terre-Neuve que neuf espèces d'animaux qui leur permettaient de survivre. Le caribou était le plus important de ces animaux. Cependant, les Béothuks se fiaient également à la nourriture qui venait de l'océan et des rivières. Pendant les mois d'été, ils s'installaient près des entrées d'eau et des anses pour pêcher le saumon. Quelquefois, ils chassaient le phoque, le marsouin et la baleine dans l'océan. 
Artisanat
Les Béothuks fabriquaient des contenants en écorce de bouleau qu'ils utilisaient pour cuisiner et pour conserver leur nourriture. Ils pliaient des morceaux d'écorce et les cousaient ensemble avec des lanières faites de racines fendues.
Si vous voulez vous amuser  à en faire un
http://www.collectionscanada.ca/premierescommunautes/jeunesse/021013-2030-f.html
Les colons, en bloquant l'accès aux territoires de chasse et de pêche, précipitèrent la disparition des Béothuks, qui fut complète avec la mort de Shanawdithit, en 1829. L'extinction de ce groupe unique est certes un véritable drame, mais certains écrivains, à la recherche de sensationnel, ont exagéré les conflits qui en furent partiellement la cause. Il existe par exemple un récit qui, d'après une seule phrase de l'œuvre monumentale de J.P. Howley, The Béothuks or Red Indians donne une description pathétique du massacre d'environ 400 Béothuks, qui se serait produit à Hant's Harbour, dans la baie de la Trinité, à la fin du XVIIIe siècle. Or, il est douteux qu'il se soit trouvé 400 Béothuks dans toute l'île de Terre-Neuve à cette époque, et l'on ne saurait croire que ces Indiens se soient tous rassemblés en un seul point. Howley, pour sa part, avait rapporté cette légende en indiquant qu'il s'agissait seulement d'une tradition parmi d'autres. 
Sources :   Newfoundland Museum  


Les Béothuks habitaient ce qui est aujourd’hui Terre-Neuve. Ce sont les premiers autochtones à entrer en contact avec les Européens, d’abord les explorateurs Vikings, puis les pêcheurs et baleiniers européens. Nous savons malheureusement peu de choses à propos des Béothuks car ils disparurent peu après l’arrivée des Européens. Ils avaient l’habitude de couvrir leurs corps, leurs ustensiles et leurs vêtements d’une peinture rouge qu’ils fabriquaient avec de l’ocre et de l’huile. Cette habitude provenait peut-être d’un souci de se protéger du froid autant que de motifs religieux. Étonnés par cette coutume, les Européens les appelèrent «Peaux rouges». L’expression fut utilisée pendant longtemps pour désigner tous les peuples autochtones d’Amérique du Nord.

NOURRITURE ET ÉCONOMIE
L’économie des Béothuks avait un caractère essentiellement côtier. Leur alimentation provenait surtout de la mer qui leur fournissait crustacés, morue et autres poissons, ainsi que phoques et baleines. En installant sur les côtes leurs postes de pêche, les Européens obligèrent les Béothuks à se réfugier à l’intérieur des terres où ils succombèrent aux maladies contractées auprès des Européens ou moururent de faim. Selon les observations des Européens, les Béothuks s’éloignaient des côtes en hiver afin de chasser le caribou dont la viande était congelée ou séchée. Ils cueillaient en outre des œufs d’oiseaux qu’ils faisaient sécher.
HABITAT
Ils vivaient dans des huttes de forme conique appelées mamateeks et fabriquées à l’aide de rondins d’écorces et de bouleaux. En hiver, ils ajoutaient des couches d’écorces et y inséraient de la mousse comme isolant. Ils dormaient dans des trous creusés autour du feu.


Demasduit, ou Mary Marche -comme elle était connue par les colons Européens- était l’un des derniers de son peuple, les Béothuks.
Les Béothuks étaient des chasseurs et faisaient de la cueillette ; ils se déplaçaient avec des troupeaux de caribous et le long des rives des rivières où ils avaient des chances de trouver les meilleures provisions de nourriture.

L’installation des Européens s’est accompagnée d’une forte compétition pour les zones de pêche et de chasse. En outre, de nouvelles maladies ont ravagé son peuple.

Finalement les Béothuks sont devenus une petite bande de réfugiés fuyant les Micmacs.

Bien qu’il n’existe plus de Béothuks aujourd’hui, leur histoire est maintenue vivante par les Micmac, les historiens et à travers le système éducatif public.

Leur saga ne sera pas oubliée.


Les Béothuks 
Les Béothuks ont été les habitants originaux de l'île de Terre-Neuve. Ces chasseurs-cueilleurs de langue algonquine n'atteignaient probablement pas le millier à l'arrivée des Européens. Ils descendaient d'Indiens récents dont la culture a été appelée Little Passage Complex.

Les Béothuks
Les Béothuks ont été les habitants originaux de l'île de Terre-Neuve. Ces chasseurs-cueilleurs de langue algonquine n'atteignaient probablement pas le millier à l'arrivée des Européens. Ils descendaient d'Indiens récents dont la culture a été appelée Little Passage Complex.

Objets béothuks en os taillé 
On peut voir ces reliques dans la collection du Newfoundland Museum
Gracieuseté de M. Ralph Pastore, Memorial University of Newfoundland, St. John's, Terre-Neuve
La venue des pêcheurs saisonniers européens au XVIe siècle a pu avoir certains avantages pour les Béothuks. En effet, les étrangers construisaient des chaffauds, des vigneaux et des quais durant leur séjour estival; quand ils repartaient passer l'hiver en Europe, ils laissaient derrière une manne de clous, d'hameçons perdus et de pièces de fer, voire leurs bouilloires. Des vestiges découverts à divers emplacements de camps béothuks donnent à penser que les indigènes recueillaient ces bouts de métal et les retravaillaient pour en faire des pointes de flèches et de lances, des armatures terminales de harpons, des aiguilles et des grattoirs.
Cuiller, lames de scie et de ciseaux trouvés à un site béothuk sur la rivière des Exploits Les Béothuks s'appropriaient souvent des objets de métal comme ceux-ci dans les postes de pêche européens abandonnés. En retravaillant le métal, ils ont pu fabriquer des outils de chasse traditionnelle, notamment des pointes de flèches et des têtes de harpons. Tiré de Shanawdithit's People: The Archaeology of Beothuks, de M. Ralph Pastore. Atlantic Archaeology Ltd. 8 1992, St. John's, Terre-Neuve. Avec l'aimable permission de J. A. Tuck, Atlantic Archaeology Ltd.
metal objects
Partout ailleurs en Amérique du Nord, les autochtones troquaient volontiers des fourrures pour se procurer des outils de métal pour trancher et percer. Il en est allé autrement pour les Béothuks, qui ont pu s'approprier de tels outils à leur guise, ce qui signifie qu'ils n'ont pas eu à bouleverser leur mode de vie traditionnel en passant leurs hivers à chasser des bêtes à fourrure comme le lynx et la martre, des animaux qui ont peu de valeur du point de vue alimentaire. De plus, les Béothuks n'ont pas été contraints, comme les Mi'kmaqs du continent, de se rassembler à des ports déterminés pour attendre le passage des traiteurs de pelleteries, avec pour conséquence la surchasse et l'épuisement rapide du gibier des environs. Ils n'avaient qu'à faire une descente éclair à un poste de pêche abandonné pour se procurer les objets de métal convoités.
Les Béothuks étaient très habiles à transformer ces objets en des outils pratiques qui ont dû accroître de beaucoup l'efficacité de leurs techniques de chasse. Les pointes de flèches et de harpons en fer étaient certainement beaucoup plus durables que celles en pierre, et pouvaient être aisément affûtées à nouveau.

Outils béothuks
De gauche à droite : pointe de projectile (de flèche probablement) en fer; tête de harpon en os; tête de harpon en os munie d'une pointe en fer. On peut voir ces reliques dans la collection du Newfoundland Museum 
Gracieuseté de M. Ralph Pastore, Memorial University of Newfoundland, St. John's, Terre-Neuve
Alors que les Béothuks avaient su coexister sans encombre avec la pratique de la pêche migratoire, et même à y trouver leur profit, le début de la colonisation au XVIIe siècle leur a imposé des changements radicaux. Les Français allaient s'établir à Plaisance, et les Anglais sur la côte, de la baie de la Conception à la baie de la Trinité, puis jusqu'à la baie de Bonavista. Devant ces avancées, les Béothuks continuaient à fuir les Européens. Faute de contacts avec les commerçants, missionnaires et agents indiens, caractéristiques de lexpérience des Autochtones du continent, ils se sont trouvés de plus en plus isolés.
Passé le milieu du XVIIe siècle, la colonisation par les Anglais gagnant du terrain, les Béothuks se sont vu peu à peu interdire tout accès aux ressources de la mer. En outre, des trappeurs blancs familiers avec l'intérieur de l'île se sont mis à concurrencer les Béothuks; la présence de pièces de pièges dans des emplacements béothuks du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle a confirmé que les indigènes subtilisaient les pièges des trappeurs, une pratique qui appelait inévitablement une cruelle vengeance.
Au début du XIXe siècle, les Béothuks étaient réduits à une maigre population de réfugiés, dispersés autour du bassin de la rivière des Exploits, qui tentaient de subsister des maigres ressources de l'intérieur de l'île. À partir du milieu du XVIIIe siècle, une succession de gouverneurs de Terre-Neuve avaient bien tenté d'établir des contacts amicaux avec les Béothuks, mais il était probablement trop tard pour changer une tendance qui s'était ancrée pendant quelque 250 ans. Shanawdithit, la dernière Béothuk connue, s=éteignait à St. John's en 1829.
http://www.lebatondeparole.com/pages/general/histoire/les-beothuks.html

Un regard sur le monde à travers les yeux d'un autochtone