Mythes et réalités sur les peuples autochtones

Préface

Il me fait très plaisir de préfacer cet ouvrage que la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse consacre au rapprochement entre les Premières nations et
l’ensemble des Québécois. Je suis heureux de le faire à titre de Chef régional de
l’Assemblée des Premières Nations, mais je suis également heureux de participer à cette
démarche en tant qu’Innu de la Côte-Nord ayant passé une bonne partie de sa vie à
l’exté rieur de sa communauté.
« La rencontre Québécois-Autochtones, un beau défi », est un beau thème qui, à lui seul,
en dit long. Que peut-on dire d’une rencontre qui dure depuis quatre cents ans et qui
présente encore un beau défi? Peut-on dire qu’elle n’a pas encore eu lieu? D’un certain
point de vue, on peut sans doute l’affirmer, et souhaiter en même temps que cette pu bli -
cation contribue à ce que cette rencontre arrive enfin.

D’un autre point de vue, on doit bien constater que, sans vraiment se rencontrer, les
Premières nations et la population québécoise cohabitent sur un même territoire et
qu’elles ont forcément développé une forme de connaissance, ou de méconnaissance, les
unes des autres. Le plus souvent, on se trouve ici dans le domaine des préjugés, des
racontars, des on-dit, bref de la méfiance.

Mais il y a pire. Quand on ignore tout d’un sujet, on peut facilement s’en faire une idée
fausse. Une partie des préjugés à l’égard des autochtones viennent donc de l’ignorance.
Mais des générations de Québécois ont appris beaucoup de choses sur les autochtones,
et les ont apprises à l’école, le plus souvent à un âge où l’on ne conteste pas encore ce
qu’on retrouve dans nos manuels scolaires. Ce que la plupart des Québécois (incluant
plusieurs d’entre eux, qui sont devenus plus tard journalistes ou même politiciens…) ont
appris des Premières nations vient donc de l’enseignement de l’histoire, mais surtout de
ses lacunes. Que savent-ils de l’histoire des Premières nations avant l’arrivée des
Européens, de l’histoire du colonialisme et de son effet sur les Premières nations, de leur
cheminement à travers le développement des structures politiques au Canada et au
Québec? Où en sont maintenant les Premières nations? Que revendiquent-elles et pourquoi?

D’où viennent leurs revendications?

L’ouvrage que présente la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse représente un effort considérable pour corriger une partie de la situation de
méconnaissance dont nous avons tous à payer le prix. La Commission travaille en étroite
collaboration sur ce sujet avec l’Institut culturel et éducatif montagnais. Je suis convaincu que cette collaboration commence à porter des fruits, et qu’il en sera de même du
présent ouvrage, que, permettez-moi de le répéter, j’ai un grand plaisir à préfacer.




Ghislain Picard, Chef régional
Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador


http://www.uqac.ca/cpu/documents/mythes-realites-autochtones.pdf

88 page en PDF