Espaces autochtones en direct : être ou ne pas être autochtone

Espaces autochtones en direct : être ou ne pas être autochtone

Cette semaine à Espaces autochtones en direct, nous abordons un enjeu identitaire de taille : l'auto-identification. Nos invités sur le plateau : Laurence Niosi, journaliste à Espaces autochtones Éric Pouliot-Thisdale, chercheur en généalogie Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo, oratrice pour sensibiliser les gens aux cultures et réalités autochtones et notre chroniqueuse Isabelle Picard, ethnologue

La vidéo sous la description


Lettre ouverte
Les origines autochtones douteuses de la conseillère de Montréal Marie-Josée Parent dévoilées par Espaces autochtones divisent les Premières Nations.
André Dudemaine, directeur artistique du festival Présence autochtone, prenait la défense de Mme Parent dansLe Devoir du 14 novembre(Nouvelle fenêtre) en qualifiant l’article d’Espaces autochtones de « tentative de sabotage du mouvement vers la réconciliation ». Raphaël Picard, un ancien chef de Pessamit sur la Côte-Nord, dénonce au contraire ces « Indian Lovers, qui décident et agissent au nom des Premières Nations ». (NDLR)
Raphaël Picard*
Il est fort probable qu’Éric P. Thisdale – chercheur ayant effectué des recherches pour divers conseils de bande au Québec ainsi que pour le registraire des bandes – ait manqué l’étape du contact direct avec Marie-Josée Parent pour s’assurer d’une version qualitativement crédible de son identité et recueillir des données extraordinaires qui ne peuvent être documentées dans les archives officielles.
Toutefois, si j’extrapole sur le vécu professionnel de madame Parent et sur le rayonnement public de son identité autochtone, convenue durant toutes ces années, elle aurait pu au moins prouver accessoirement par des documents comme des cartes ou d’autres attestations de son appartenance à un groupe national autochtone ou d’une identité légitime. Ses proches collaborateurs et ses mandants auraient dû savoir qu’elle était concrètement et correctement membre d’une Première Nation hors réserve ou sur réserve. Ces derniers termes que j’utilise sont fiduciaires et à portée législative.
La question d’une nouvelle souveraineté autochtone est soulevée à la mesure des individus dont les identités sont ombrageuses et ombragées par la succession des générations et les multiples mixages. Cette conception de la souveraineté est à la fois trop inclusive des personnes qui n’auraient aucune appartenance à un groupe autochtone, mais une appartenance énormément civique qui multiplierait les adhésions incompatibles avec les coutumes, les valeurs et les règles internes des Premières Nations.
Les Premières Nations ont de tout temps visé une attitude, modérément ou brusquement, de fermeture à une règle de citoyenneté ouverte, sans compromis, qui éventuellement amènerait une mort à terme des peuples autochtones.
M. Dudemaine remercie les sœurs Parent pour leurs contributions; il aurait préféré que l’on puisse reconnaître de manière symbolique à certains individus leur apport au recul du colonialisme et à l’avancée de la réconciliation. Cette tactique est outrageante. Faudrait-il reconnaître une identité symbolique autochtone à tous ces Indian Lovers, qui décident et agissent au nom des Premières Nations et utilisent le processus de réconciliation pour réaliser leur propre fantasme identitaire et leur ego professionnel?

Peu d'impact du « jet set urbain de Montréal »

Rien de ce qui se passe dans le jet set autochtone urbain de Montréal n’a d’impact significatif sur nos vies dans nos communautés, qui sont aux prises avec de graves problèmes endémiques. Le problème des urbains autochtones déborde du cadre du seul problème ethnico-génétique de Marie Josée Parent. Les dessous de ce problème sont beaucoup plus symptomatiques d’une fausse représentation et d’un vol collectif d’identités, qui étranglent les progrès de l’autodétermination de nations autochtones et de leur identité ethnique.
Cette diaspora autochtone urbaine – quoique plusieurs membres soient honnêtes et aient un sens d’appartenance sans équivoque à leur communauté – est une aberration politique et administrative. Elle est un pivot pour la manipulation par personnes interposées et organismes illégitimes des règles de financement et de la répression des orientations et des actions des Premiers Peuples par les sponsors gouvernementaux.
Le colonialisme répressif est fait de collaborateurs diversitaires en symbiose avec des objectifs de fausse identité et d’une souveraineté civique tous azimuts. L’APNQL devrait demander des enquêtes criminelles et de juricomptabilité sur les organismes autochtones urbains de Montréal au lieu de sauver la tête de madame Parent.
*Raphaël Picard est aussi l’auteur du roman Nutshimit, Vers l’intérieur des terres et des esprits (Éditions Atikupit, 2019).