Douglas Joseph Cardinal, architecte (Red Deer, Alberta, 7 mars 1934).
Reconnu pour l'excellence de son travail et sa vision créatrice unique, il est considéré comme le créateur d'un style indigène d'architecture canadienne
caractérisé par des formes organiques gracieuses qui défient continuellement les
normes techniques les plus avancées.
Fils de Joseph Trefflé Cardin
al, un garde forestier et garde-chasse descendant de Pieds-Noirs, et de Frances Marguerite Rach, une
infirmière fille d'un immigrant allemand et d'un membre d'un important clan de Métis, la famille Morin, Douglas
Joseph est l'aîné d'une famille de huit enfants. Il grandit dans des communautés de classe moyenne et
fréquente le pensionnat St. Joseph's Convent School près de Red Deer en Alberta où il s'est consacré à
l'étude de la littérature, du dessin et de la musique.
Accepté à l'école d'architecture de l'U. de la Colombie-Britannique en 1952, il y passe trois ans. C'est
toutefois à l'École d'architecture de l'U. du Texas à Austin qu'il trouve le milieu de formation intellectuellement
ouvert tout en étant rigoureux dont il a besoin pour développer le style d'architecture complexe et ondoyant
pour lequel il est mondialement reconnu. Il y obtient son diplôme avec distinction en 1963.
«Meno Ya Win" dans la langue oji-cri signifie «santé, bien-être, le bien-être", et se réfère à la guérison
holistique et de bien-être, le «soi tout étant dans un état de bien-être complet".Comme plusieurs architectes reconnus de l'Ouest canadien dans les années 50, Douglas Cardinal cherche à
interpréter les enseignements du
modernisme européen en explorant
une adaptation régionale du style
international. Il est particulièrement
attiré par la modernité d'architectes
tels que Hans Poelzig et Eric
Mendelsohn alors qu'il produit avec
une grande maîtrise des œuvres dans
lesquelles s'expriment à la fois son
attirance pour les constructions
baroques italiennes et espagnoles à
la tendance expressionniste de
l'architecture européenne moderne
qui atteint un point culminant en
Allemagne après la Première Guerre
mondiale. Cardinal établit un rapport
entre son travail d'architecte dans
l'Ouest canadien (principalement l'expressionnisme des Prairies), le style néo-baroque des églises mexicain
es qu'il observe au cours de ses voyages à la fin des années 50 et sa formation théorique en architecture et en
histoire de l'architecture. Ces connaissances enrichies de son expérience pratique dans l'Ouest canadien, plus
particulièrement dans les plaines et les bad-lands de l'Alberta, mènent à la création de masses curvilignes qui
deviennent sa signature.
On reconnaît ces caractéristiques dans des projets primés tels que l'ÉGLISE DE ST. MARYà Red Deer en
Alberta (1965-68) qui fait partie de l'exposition marquante d'Arthur Drexler, Transformations in Modern
Architecture (1976). Pendant la construction de l'église de St. Mary, le cabinet d'architectes Cardinal
commence à utiliser des programmes de conception et dessin assistés par ordinateur (CDAO). Dès 1981, il
est considéré comme un pionnier et un leader mondial de la CDAO et est sélectionné par le gouvernement
fédéral pour établir un projet de démonstration afin d'expérimenter et de faire progresser la technologie
canadienne de CDAO.
Parmi les édifices publics de Cardinal figurent le Grande Prairie Regional College de Grande Prairie, en
Alberta (1972-76), l'Alberta Government Services Centre de Ponoka, en Alberta (1977) et le St. Albert
Civic and Cultural Centre à St. Albert en Alberta (1983) de même que de nombreuses écoles qui témoignent
de l'adaptation de murs extérieurs arrondis aux programmes fonctionnels complexes toujours croissants.
Dans les années 1990, Cardinal se démarque en proposant une définition architecturale adaptée aux objectifs
et aspirations des communautés amérindiennes. Ces projets comptent, entre autres, le plan directeur et le
stade de conception pour l'expansion du Saskatchewan Federated Indian College à Regina en Saskatchewan
(1990), le plan directeur de l'Institute of American Indian Arts de Santa Fé au Nouveau-Mexique (1993), le
Kainai Multi-Purpose Cultural Resource Centre, la Blood Indian Reserve en Alberta (1996) ainsi que le plan
directeur et la conception des principaux édifices publics du village cri d'Oujé-Bougoumou dans le Nord
québécois qui remporte un prix d'excellence des Nations Unies pour ses concepts respectueux de
l'environnement et est célébré pendant l'Expo 2000 à Hanover en Allemagne.
Le premier projet de Cardinal à l'extérieur de l'Alberta et des territoires du Nord-Ouest amène
l'expressionnisme des Prairies dans la région centrale du Canada avec la conception du MUSÉE
CANADIEN DES CIVILISATIONS(MCC) à Hull au Québec, inauguré en 1989. Reconnu mondialement
comme étant un édifice technologiquement complexe qui redéfinit l'architecture muséale, le MCC est un
édifice culturellement important, conçu pour présenter une perspective évolutive de l'histoire amérindienne et
de la culture nationale à la fin du 20e siècle. En 1993, Cardinal est choisi comme concepteur principal du
nouveau National Museum of the American Indian qui fera partie du Smithsonian Institute Mall de
Washington DC. Le projet, d'une conception remarquable, se termine dans la controverse alors que Cardinal
en est exclu.
En 1990, Douglas Cardinal est décoré de l'Ordre du Canada. En 1992, il reçoit le Prix Molson du Conseil
des Arts du Canada et, en 1995, le Prix national d'excellence décerné aux Autochtones. En 1999, il reçoit la
Médaille d'or de l'Institut royal d'architecture du Canada, la plus importante distinction en architecture à être
accordée à un individu au Canada. En 2000, il a déjà reçu sept doctorats honorifiques en reconnaissance de
son importante contribution à l'excellence en architecture. En 2001, il reçoit le Prix du Gouverneur général en
arts visuels et médiatiques.